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Immobilier résidentiel : le quantitatif ne suffit pas

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28 septembre 2018

Au lieu de se focaliser sur le nombre de logements neufs, pouvoirs publics et promoteurs devraient travailler également sur la qualité et sur l’adaptation des logements aux attentes de leurs habitants.

On ne parle en matière de logements neufs que de quantité, comme si la question de la production résidentielle en France se résumait à des unités construites et livrées. On ne peut nier que l’enjeu de notre pays consiste à satisfaire les besoins nombreux des ménages et à rattraper le retard accumulé depuis 30 ans. Il reste que l’obsession du quantitatif, pour légitime qu’elle soit, a fini par occulter les considérations qualitatives et les questions d’adaptation des logements aux attentes.

Pourtant, la France a une avance notoire lorsqu’il s’agit de moderniser son offre de logements et de la rendre intelligente. Au moment où se vote la future loi ELAN, qui prépare une évolution numérique pour le logement, il est temps de le placer au cœur de la modernisation de la production résidentielle. Loin de la domotique qui a effrayé ou fait sourire dans les années 90, nous voici à l’heure du rapprochement entre l’immeuble et l’homme.

Commander son logement à distance, en piloter les fonctions majeures telles que la consommation énergétique, les dispositifs de sécurité, les éléments de confort, voilà ce qui est désormais possible et qui le sera de plus en plus. Les promoteurs en ont-ils conscience ? Ont-ils les compétences pour les développer ? Ont-ils les moyens de populariser ces solutions ou seront-elles l’apanage de privilégiés, en mesure de payer le prix fort ?

Inventer le logement de demain

Il faut d’abord observer que les enseignes leaders de la promotion sont en mesure aujourd’hui d’investir dans la recherche et le développement. Tous ces acteurs ne sont pas de même nature capitalistique, allant des sociétés cotées aux acteurs indépendants. Les propriétaires fonciers, qui naguère se sentaient plus rassurés avec la signature d’un groupe à actionnariat institutionnel pour acheter leurs emprises, peuvent désormais accorder la même confiance à des promoteurs indépendants, familiaux en particulier, car le choix entre les opérateurs se fait aussi sur la capacité à inventer le logement de demain.

D’autant que l’avènement de ce qu’il est convenu d’appeler la Proptech ne se fonde pas non plus sur des bases de richesse, mais d’agilité. Les startups nous montrent l’exemple, avec une efflorescence étonnante dans notre pays de créateurs de solutions pour le logement. Il est clair que les grands acteurs de la ville, tels les promoteurs et les constructeurs, vont trouver là les solutions pour le logement des décennies à venir. Là sont les compétences et l’acuité visuelle sur le futur. Enrichir l’immeuble de toutes les réponses digitales indispensables à leurs utilisateurs professionnels ou particuliers. Piloter des fonctionnalités des logements, qui deviennent des espaces de vie, de loisir et de travail à la fois, contrôler le fonctionnement de ces logements, leur maintenance, maîtriser les applications professionnelles et personnelles utiles aux occupants, tout cela dessine un autre logement, intelligent et interactif.

Au demeurant, les logements privés n’auront pas l’apanage de ces services et de cette intelligence au profit des habitants : les bailleurs sociaux, qui acquièrent d’ailleurs des logements dans les immeubles produits par les promoteurs privés au titre de l’indispensable mixité, entendent que les locataires sociaux ou les accédants dans le parc HLM bénéficient des mêmes avantages.

Cette intelligence connectée concerne les logements, bien sûr, mais les quartiers et les villes dans leur entièreté se repensent sur ces nouvelles bases et selon ces nouveaux codes. C’est au fond le rapport de l’habitant à l’immeuble qui est transfiguré. L’immeuble et la ville sont plus que jamais des lieux d’humanité, de liens et de repères. Les décideurs publics, qui affichent parfois ces temps-ci un certain mépris pour l’immobilier, le considérant comme une cible taxable désignée et le destinataire ingrat d’aides onéreuses, devraient changer leur regard : l’immeuble et la cité sont devenus, plus encore grâce au digital, des creusets de paix sociale et d’innovation.

Il est donc urgent d’intégrer au cadre réglementaire les équipements numériques de l’immeuble, notamment sur les sujets de réduction des dépenses d’énergie et de sécurité. Le carnet numérique de suivi et d’entretien du logement, remis à l’ordre du jour par la loi Élan, est dans cet objectif une opportunité unique. Quand on sait que la réglementation sur les compteurs d’eau n’a pas bougé depuis 30 ans ou que la RT2012 est déjà obsolète à l’heure du logement connecté, État, Proptech et professionnels de l’immobilier doivent travailler conjointement pour revoir l’ensemble de normes et labels afin de les mettre à l’heure du numérique.

 

par Thibault DUTREIX

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